A propos du stress perçu & du contrôle perçu

Le stress est généralement utile bien que parfois éprouvant.

Il nous met en alerte face aux difficultés, nous pousse à réagir, à nous adapter.
Mais parfois, il devient envahissant, nous fatigue, nous dépasse.
Pour mieux le vivre, il est essentiel de comprendre d'où il vient, comment il fonctionne en nous, et surtout, ce que nous pouvons faire pour le réguler.

Le stress que nous ressentons n'est pas directement lié à la situation que nous vivons, mais à la façon dont nous l'interprétons.
C'est ce qu'on appelle le stress perçu.
Deux personnes confrontées à la même réalité ou événement de vie peuvent réagir différemment : l'une peut se sentir sereine, l'autre totalement submergée.
Ce qui fait la différence, c'est la manière dont chacune évalue la situation et sa capacité à y faire face.

Quand une situation semble menaçante, floue, imprévisible ou au-delà de nos forces, nous avons tendance à ressentir plus intensément le stress.
Cette évaluation se fait souvent inconsciemment, en deux temps.
D'abord, nous jugeons si ce que nous vivons est grave, dangereux ou chargé d'enjeux personnels.
Puis nous nous demandons, parfois sans nous en rendre compte : est-ce que je me sens capable de gérer cela ?
Est-ce que j'ai en moi, ou autour de moi, les ressources pour y faire face ?
Si la réponse est non, alors notre niveau de stress grimpe.

Cette réaction dépend de nombreux facteurs : nos expériences passées, notre personnalité, notre état du moment, notre confiance en nous.
Si nous avons déjà vécu une situation difficile semblable, nous serons plus sensibles ; mais si nous avons réussi à la surmonter, nous pourrons nous appuyer sur cette force.
Notre façon de penser influence aussi beaucoup notre ressenti.
Des pensées du type "Je dois réussir", "Je n'ai pas le droit à l'erreur", "Je ne vais jamais y arriver" amplifient le stress.
À l'inverse, des pensées plus souples et réalistes permettent d'alléger la pression intérieure.

Heureusement, cette perception du stress n'est pas figée.
Nous pouvons apprendre à la modifier.
C'est un des objectifs de l'accompagnement thérapeutique : restructurer nos pensées, c'est-à-dire prendre conscience des idées négatives automatiques, les interroger, les reformuler.
Par exemple, si vous vous surprenez à penser "C'est trop dur pour moi", vous pouvez essayer de vous dire "Je vais faire
ce que je peux, étape par étape", ou encore "Je n'ai pas besoin d'être parfait pour avancer".
Ce type de changement progressif dans notre façon de penser a un effet apaisant très concret.
Il nous aide à retrouver un certain calme intérieur, à remettre les choses en perspective, à voir les situations comme des défis plutôt que comme des menaces.

Un autre aspect essentiel est le contrôle perçu, c'est-à-dire le sentiment de pouvoir agir sur ce qui nous arrive.
Quand nous pensons avoir une prise, même partielle, sur une difficulté, nous vivons beaucoup moins de stress.
Nous sommes plus actifs, plus confiants, plus sereins.
Nous cherchons des solutions, nous nous organisons, nous demandons de l'aide si nécessaire.
Le stress devient alors une forme d'énergie mobilisatrice, qui peut même nous stimuler.
En revanche, quand nous avons le sentiment que tout nous échappe, que nous subissons les événements, le stress se transforme en détresse.
Il bloque notre capacité à réfléchir, à agir, et nous enferme dans des émotions douloureuses : impuissance, peur, colère, repli.

Là encore, ce sentiment de contrôle n'est pas quelque chose d'inné ou de définitif.
Il se développe avec le temps, l'expérience, l'apprentissage.
Plus nous osons affronter les situations, même un peu, plus nous construisons la conviction que nous avons des ressources en nous.
Ce travail peut être soutenu par des outils concrets : apprendre à résoudre des problèmes, à planifier, à déléguer, à se faire accompagner.
Ce sont de petits pas, mais chacun d'eux renforce notre capacité à faire face.

Enfin, il est utile de connaître ce que les spécialistes appellent les stratégies d'adaptation, ou coping.
Chacun, face au stress, met en place des façons de s'ajuster.
Parfois, nous choisissons d'agir directement sur le problème : chercher des informations, faire un choix, demander conseil, revoir nos priorités.
Ce sont des stratégies actives, souvent très efficaces lorsque la situation peut être changée.
D'autres fois, nous avons besoin de souffler, de prendre du recul, de détourner un moment notre attention.
Nous pouvons alors nous appuyer sur des stratégies plus passives : se distraire, relativiser, s'autoriser à se reposer.
Ces stratégies sont utiles si elles sont ponctuelles, mais peuvent devenir problématiques si elles nous éloignent trop longtemps de ce qui nous préoccupe.

Dans tous les cas, il ne faut pas oublier l'importance du soutien social.
Parler à quelqu'un, demander de l'aide, être écouté sans jugement…
Cela permet souvent de mieux comprendre ce que l'on vit, de se sentir moins seul, et d'envisager d'autres options.
On peut se tourner vers un proche, un professionnel, ou une structure d'écoute.
S'ouvrir aux autres est parfois le premier pas vers une sortie du stress.

En apprenant à mieux reconnaître ce qui vous stresse, à ajuster votre manière de penser, à renforcer votre sentiment de contrôle et à choisir les stratégies qui vous conviennent, vous pouvez progressivement retrouver un rapport plus apaisé à votre quotidien.
Le stress ne disparaîtra pas entièrement, mais il deviendra plus gérable, moins envahissant.
Et surtout, vous vous sentirez plus fort face aux défis de la vie.

* Voici les principales différences entre un contrôle perçu (élevé versus faible) du stress :

Contrôle perçu élevé du stress

1A)
~ La personne a le sentiment qu'elle peut influencer ou gérer la situation stressante.
~ Elle voit les défis comme des opportunités de croissance ou de résolution de problèmes.
~ La situation est perçue comme moins menaçante parce que la personne pense disposer des ressources nécessaires pour
y faire face.

2A)
~ Évaluation primaire : La situation est évaluée comme un défi plutôt qu'une menace.
~ Évaluation secondaire : La personne estime qu'elle a suffisamment de ressources internes (compétences, résilience)
ou externes (soutien social, outils) pour surmonter la situation.

3A)
~ Émotions maîtrisées : Plus de calme, d'optimisme et de confiance en soi.
~ Moins d'anxiété : La personne ressent un niveau de stress modéré qui peut même devenir stimulant pour agir.
~ Adaptabilité émotionnelle : Capacité à rester serein face aux difficultés.

4A)
~ Stratégies d'adaptation actives :
Résolution de problèmes : " Quelles solutions puis-je mettre en place ? "
Recherche d'aide ou de soutien.
Organisation et planification.
~ Capacité à passer à l'action : La personne prend des mesures concrètes pour réduire le stress ou résoudre la situation.
~ Comportements sains : Exercice physique, méditation, discussions constructives.

5A)
~ Le sentiment de contrôle renforce le stress positif (eustress) qui stimule la performance et la motivation.
~ La personne reste résiliente face aux défis et développe une meilleure confiance en ses capacités.

Contrôle perçu faible du stress

1B)
~ La personne ressent une impuissance ou une perte de contrôle face aux événements stressants.
~ Les situations sont perçues comme menaçantes ou accablantes.
~ L'individu a l'impression de subir les événements plutôt que de pouvoir les influencer.

2B)
~ Évaluation primaire : La situation est perçue comme un danger ou une menace pour le bien-être.
~ Évaluation secondaire : L'individu estime ne pas avoir les ressources pour gérer la situation, ce qui accentue le stress perçu.

3B)
~ Émotions intenses et négatives : Sentiments d'impuissance, peur, panique et frustration.
~ Anxiété excessive : La perception de menace déclenche un stress disproportionné.
~ Vulnérabilité émotionnelle : Les émotions prennent le dessus et limitent la capacité de réflexion et d'action.

4B)
~ Stratégies d'évitement :
Fuite ou procrastination face aux situations difficiles.
Négation du problème.
~ Comportements défensifs ou nuisibles :
Alimentation excessive, abus d'alcool, tabac ou autres compensations malsaines.
Irritabilité ou isolement social.

5B)
~ La perte de contrôle entraîne un stress négatif (détresse), qui bloque les capacités d'action et d'adaptation.
~ L'individu adopte une posture de victime face aux événements.

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